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Agroécologie et résilience au Rwanda

A travers cet entretien avec Cyprien Uwitije, responsable des programmes à FH Rwanda, découvrez les points forts et les défis du programme «Agroécologie et résilience», débuté il y a 3 ans, dans la région de Ngororero à l’Ouest du Rwanda.
Quels ont été les points forts du programme d’après vous ?
Le travail avec les autorités locales. Le programme est mis en œuvre dans une zone très montagneuse. Il y pleut beaucoup, les sols sont très acides et les écoulements de terrain sont fréquents. C’est une région très pauvre avec un taux de malnutrition élevé où on estime l’insécurité alimentaire à 41%. Cultiver dans cette zone est compliqué, à cause des terrains en pente. Pour identifier les zones sensibles, c’est une grande aide de pouvoir collaborer avec les agronomes en charge de la région. Avec leur participation et la mobilisation des paysans et des paysannes, nous aménageons des terrasses qui permettent à la population de cultiver. Aujourd’hui les paysans sont très contents de pouvoir cultiver du maïs, des haricots ou encore des pommes de terre.
Le travail avec les groupes de fermiers est une autre force du projet. Nous identifions les paysans qui ont les meilleurs résultats. A travers des formations, ceux-ci deviennent des « paysans formateurs » qui partagent ensuite leurs connaissances avec d’autres groupes de paysans. Progressivement, les nouvelles techniques sont ainsi diffusées, à l’aide de champs de démonstration et des visites entre agriculteurs. Cette méthode est très stimulante pour les paysans et les paysannes qui se retrouvent à échanger entre pairs partageant des situations similaires. Cette manière de faire contribue également à la durabilité du programme.
Nous sommes aussi en lien avec des institutions qui font de la recherche sur les traitements biologiques à utiliser pour protéger les cultures. L’objectif est que les paysans puissent produire eux-mêmes leurs propres pesticides, à partir de plantes locales.

Quels sont les défis du programme ?
Il y a les défis environnementaux liés à la région qui est très accidentée. Les pentes sont très aigues et avec les pluies importantes, les écoulements de terrain sont fréquents. C’est pourquoi il est indispensable de mettre en place des aménagements, comme des terrasses, pour pouvoir cultiver les terres. Nous creusons aussi des haies anti-érosives. Nous plantons des arbres pour faire tenir la terre. Nous développons l’agroforesterie, en plantant des arbres fruitiers dans les champs et en associant des légumineuses aux cultures.
Une autre difficulté est liée à l’inflation qui est très élevée après la crise du Covid. Le coût des intrants agricoles a beaucoup augmenté. A titre d’exemple, le prix de la chaux que les paysans utilisent pour rendre les sols moins acides a augmenté de 15%.

Quels ont été les apprentissages les plus importants ?
Nous avons mis en place une « assurances des cultures » en partenariat avec le gouvernement. Comme c’est une zone avec beaucoup d’aléas climatiques, si la récolte n’est pas bonne, les paysans peuvent ainsi obtenir un dédommagement.
Nous avons distribué des cochons aux fermiers. Cela leur permet d’avoir de l’engrais organique pour leurs cultures. Les petits sont vendus et permettent aux familles d’augmenter leur revenu. L’avantage, c’est que ces animaux se reproduisent vite ! Par ailleurs, ils supportent bien le climat de cette zone montagneuse où il peut faire froid.

Quel est le rôle des églises ?
Nous travaillons avec les églises locales. Nous formons les dirigeants des églises locales aux pratiques agroécologiques. Comme les églises disposent souvent de terres, nous y installons des champs de démonstration. Nous pouvons ainsi sensibiliser beaucoup de personnes, car les alentours des églises sont des zones fortement peuplées.
 
 

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